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Précisions sur les conditions de port prolongé et de réutilisation des masques

Postée le 15/06/2020

Alors que les soignants attendaient le milliard et demi de masques commandés par le gouvernement en France et à l’étranger [1], la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) a listé le 14 mars sept recommandations de réutilisation de cette denrée rare, à la demande de la Direction générale de la santé (DGS). Cet avis porte sur les conditions de prolongation du port et de réutilisation des masques chirurgicaux et des appareils de protection respiratoire de type FFP2 pour les professionnels de santé [2].

Après un rappel du contexte, la SF2H demande de respecter les conditions d’utilisation de port des masques selon la notice d’utilisation du fabricant pour préserver leur efficacité. Il s’agit aussi de respecter les bonnes pratiques d’élimination des masques afin d’éviter d’augmenter le risque de transmission, et notamment la réalisation d’une hygiène des mains après élimination du masque. Par ailleurs, elle rappelle qu’il ne faut pas réutiliser un masque dès lors qu’il a été manipulé et ôté du visage.

Du fait de la situation épidémiologique et des stocks disponibles, imposant une rationalisation de leur usage, elle recommande d’autoriser le port prolongé du même masque chirurgical anti-projection ou appareil de protection respiratoire filtrant de type FFP pour plusieurs patients, en tenant compte de certains facteurs de risque. Ces derniers sont : la tolérance et l’acceptabilité du professionnel de santé, l’humidité de la partie filtrante du masque, l’intégrité du masque et le risque avéré de projection de gouttelettes infectieuses.Toutefois, la SF2H insiste sur le fait qu’il ne faut pas dépasser une durée maximale de quatre heures pour le port d’un même masque chirurgical anti-projection et de huit heures pour celui d’un même appareil de protection respiratoire de type FFP, selon la notice des fabricants. Il est enfin recommandé de ne pas utiliser d’autres types d’écrans à la place des masques chirurgicaux, tels les masques en tissu ou en papier, du fait des très rares données scientifiques concernant leur efficacité [3].

Néanmoins, face aux solutions palliatives recherchées pour couvrir les besoins des soignants et des usagers, la SF2H et la Société française des sciences de la stérilisation (SF2S) ont émis, le 21 mars, un autre avis sur les matériaux pouvant être utilisés en alternative pour concevoir des masques, notamment les feuilles de stérilisation en non-tissé (SMS). Les deux sociétés recommandent que les masques de confection en SMS réalisés par les établissements ou par des tiers (selon le modèle présenté), soient d’ores et déjà proposés aux personnels hospitaliers présentant des symptômes respiratoires, non présents dans les services de soins et non au contact des patients (administratif, logistique, etc.) ainsi que lors de déplacements en dehors des services de soins, selon les éventuelles préconisations de l’établissement [4]. Ces masques peuvent également convenir pour les patients positifs au Covid-19, en retour à domicile et dans le respect des recommandations de la SF2H.

Cette recommandation s’inscrit dans un contexte exceptionnel de pénurie. En revanche, les deux sociétés insistent sur le fait que ces masques ne doivent pas être utilisés par les soignants au cours de leur activité pro-fessionnelle au contact des patients, car ils ne répondent pas à la norme NF EN 14683 [5].

Catherine Boisaubert

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Références

[1] www.huffingtonpost.fr/entry/coronavirus-veran-annonce-larrivee-de-13-mil...

[2] https://www.sf2h.net/wp-content/uploads/2020/02/avis-sf2h-.utilisation-m...

[3] MacIntyre CR, Seale H, Dung TC, et al. A cluster randomised trial of cloth masks compared with medical masks in healthcare workers. BMJ Open. 22 avr 2015;5(4).

[4] www.sf2h.net/avis-conjoint-sf2s-sf2h-concernant-les-materiaux-alternatif...

[5] NF EN 14683 – Masques à usage médical. Exigences et méthodes d’essai