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Les Ehpad de demain plus médicalisés, plus vivants et plus ouverts

Postée le 01/12/2021

Début juillet, les gériatres Claude Jeandel et Olivier Guérin ont remis leur rapport sur les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les unités de soins de longue durée (USLD) à la ministre déléguée chargée de l’autonomie, Brigitte Bourguignon [1]. Ces deux spécialistes se sont appuyés sur une analyse fine de la situation de quelque 488 867 résidents d’Ehpad et 8 619 pensionnaires d’USLD.

 

Les deux gériatres formulent vingt-cinq recommandations, dont la requalification des USLD en unités de soins prolongés complexes (USPC) spécialisées dans le sanitaire, afin de les différencier des Ehpad. Les USPC s’adresseraient majoritairement à des patient atteints de pluripathologies liées à des affections somatiques lourdes, chroniques et instables, associées à un état de dépendance physique et/ou psychique, demandant une forte charge en soins et d’importantes ressources médicales, qui ne pourraient pas être pris en charge dans les autres structures. Il n’y aurait pas de critère d’âge pour y accéder. Concernant les Ehpad, Claude Jeandel et Olivier Guérin prônent une « sectorisation raisonnée » des établissements en fonction du degré de dépendance de leurs résidents pour un accompagnement plus personnalisé et une meilleure gestion des situations de crise. Tous les Ehpad devraient être dotés d’unités spécialisées Alzheimer ainsi que de pôles d’activités et de soins adaptés. D’autres pourraient se spécialiser dans certaines typologies de besoins (personnes handicapées vieillissantes et malades d’Alzheimer, par exemple). Ces orientations nécessitent de « renforcer la dimension médicosoignante » et de « doter les Ehpad des catégories professionnelles du soin indispensables en personnel, et [de respecter] des seuils minimaux en termes de ratios de personnel » car, actuellement, les effectifs sont « notoirement insuffisants au regard des besoins en soins et du degré de perte d’indépendance des résidents ».

 

Il s’agirait, entre autres, pour un Ehpad de 80 places de sept équivalents temps plein (ETP) infirmiers (dont la fonction d’infirmière coordinatrice), vingt-huit ETP d’aides-soignants (dont 20% d’assistants de soins en gérontologie), un ETP de psychologue, un ETP d’ergothérapeute, dix-huit ETP d’agents des services hospitaliers et 0,8 ETP de médecin coordonnateur. Un poste d’infirmière en pratique avancée en gérontologie pourrait être mutualisé entre plusieurs Ehpad afin de généraliser la présence de ces professionnelles, de même pour les astreintes infirmières de nuit. Malgré les forts besoins en soins, les gériatres recommandent de promouvoir et de prioriser les interventions non médicamenteuses.

 

Par ailleurs, des adaptations architecturales seraient nécessaires en Ehpad face à la prévalence élevée des troubles neurocognitifs. Les établissements doivent également être adaptés à l’accueil d’équipements médicaux et de rééducation-réadaptation réhabilitation-réautonomisation.

 

Dans la lignée de ce rapport, la ministre déléguée à l’autonomie, Brigitte Bourguignon, a présenté un plan de relance pour l’investissement dans les Ehpad [2]. Depuis plusieurs années, les acteurs du secteur demandent un changement de modèle. Le ministère veut redéfinir l’offre d’hébergement selon trois axes : médicaliser davantage les établissements grâce au développement d’équipes mobiles, à la création d’Ehpad centres de ressources et de filières gériatriques d’excellence ; faire des Ehpad des lieux de vie ; les ouvrir vers l’extérieur.

 

Dans le cadre du Ségur de la santé, une enveloppe globale de plus de 2 milliards d’euros sera dispatchée comme suit :

  • 1,5 milliard d’euros sera consacré à l’investissement immobilier ;

  • 600 millions au numérique ;

  • 125 millions à l’amélioration de la qualité de vie au quotidien des résidents et des professionnels (à travers l’acquisition d’équipements, par exemple) ;

  • 3 millions au développement de tiers-lieux dans les Ehpad.

 

Une consultation citoyenne a été lancée cet automne afin de trouver un nom à ces nouveaux établissements dans le but, in fine, d’entériner ces nouvelles orientations. Un « laboratoire de solutions de demain» a également été créé afin de guider la transformation de l’offre d’habitat pour les personnes âgées en perte d’autonomie, du domicile à l’Ehpad. La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et la Caisse des dépôts accompagneront cette large campagne de rénovations.

 

Valérie Lequien

 

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[1] Jeandel C, Guérin O. Unités de soins de longue durée et Ehpad. Rapport de mission. 25 recommandations pour une prise en soins adaptée des patients et des résidents afin que nos établissements demeurent des lieux de vie. Juin 2021. https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_jeandel-guerin.pdf.

[2] https://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-press....

Crédit image Robert Kneschke/stock.adobe.com