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Les défis de la nouvelle ministre de la Santé

Postée le 24/05/2022

La nouvelle Ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, nommée vendredi 20 mai 2022 n’ets pas médecin mais elle n'est pas inconnue du secteur pour autant. Que peut-on attendre de la nouvelle ministre ? Quels sont les dossiers les plus importants à prévoir ?

Félicitations et accueil tendu

Suite à la nomination de vendredi, le Quotidien du Médecin a interrogé des représentants du corps médical : en plus des quelques félicitations de rigueur, on veut du concret et la ministre est attendue de pied ferme. Sur Twitter, plusieurs voix se sont élevées. Le président de l'UFML-S (Syndicat de l'Union française pour une médecine libre), le Dr Jérôme Marty lui a rappelé la situation tendue du monde médical : « Notre système de santé connaît la plus grave crise de son histoire. Hôpitaux, médecine de ville, médico-social : pas un secteur n’est épargné. Vous devez maintenant provoquer une conférence sanitaire permanente ».

Pour Philippe Vermesch, président du SML (Syndicat des Médecins Libéraux), « les défis sont énormes. Les médecins libéraux seront très vigilants sur la place accordée à la médecine libérale au bénéfice des patients et du système de santé. » Le président de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF), le Dr Franck Devulder, s’est aussi exprimé auprès du Quotidien du Médecin : « Les tâches qui l'attendent sont urgentes. Il y aura la grande concertation, dont nous attendons des mesures structurelles pour aller vers un système nouveau et, dans ce cadre, la médecine de ville est un levier phénoménal ! Mais le premier chantier devra être l'urgence estivale sur l'accès aux soins, car le système est en train de craquer ».

Dans un communiqué, le Conseil national de l'Ordre des médecins a félicité la nouvelle ministre. « Face à la crise que traverse notre système de santé, aux difficultés d’accès aux soins pour les patients, à la fermeture de services hospitaliers et à l’épuisement des médecins et de tous les professionnels de santé, l’Ordre des médecins espère que cette nomination permettra de faire advenir la nécessaire transformation de notre système de santé, seule à même de sauver ce pilier de notre République. »

Les hospitaliers quant à eux estiment que la situation est plus qu’urgente. Le Dr Olivier Milleron, porte-parole du collectif inter-hôpitaux (CIH), estime que « c’est la continuité car Brigitte Bourguignon était déjà ministre déléguée chargée de l'Autonomie ». Il n’y a donc « pas de signe fort de volonté de changement ». Le cardiologue demande à la nouvelle ministre de « prendre les choses en mains tout de suite. Nous n’avons pas le temps de nommer des commissions, de commander des rapports. Il y a aujourd’hui 120 services d'urgence en difficulté, en plus des blocs qui sont fermés ».

La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) a réagi dès vendredi, en rendant d'abord hommage à l'action d'Olivier Véran, « un ministre à l’écoute de nos difficultés », qui a reconnu « le rôle de l’hospitalisation privée ». Le président de la fédération des cliniques, Lamine Gharbi, « compte sur notre nouvelle ministre pour s’emparer des sujets urgents comme la prise en compte de l’inflation, l’équité de traitement pour les salariés de nos établissements, la conduite des réformes du financement et la formation des soignants ».

Des dossier brûlants

Samedi 21 mai, au ministère de la Santé, Brigitte Bourguignon s’est exprimée lors de sa prise de fonction. La ministre, émue, a déclaré : « Vous ne connaissez peut-être pas encore mes convictions anciennes et fortes en matière de santé de proximité et de santé accessible à tous. C'est mon combat depuis des années sur le terrain car je viens d'un territoire rural dans un département difficile en matière de prévention et de désertification médicale ». Pour autant, les « solutions miracles » n'existent pas… « Nous allons devoir gérer cette pénurie accélérée par une pyramide des âges vieillissante et une évolution des mentalités ».

Pour elle, l’une des priorités est de « rendre l'hôpital plus humain avec moins de charges administratives pour les soignants et créer un nouveau pacte entre l'hôpital et la médecine de ville ». Il faut renforcer l'hôpital, en particulier des urgences, en raison des difficultés de recrutements. Ce sujet s’ajoute aux autres thématiques d’actualité : renforcement de la prévention, et la lutte contre les déserts médicaux.

Brigitte Bourguignon a également salué l'action de son prédécesseur, Olivier Véran, ainsi que le travail d’Agnès Buzyn, citant la suppression du numerus clausus, l'investissement du Ségur dans les hôpitaux, le 100 % santé, la gratuité de la contraception jusqu'à 25 ans, le doublement du nombre de maisons de santé, le remboursement des consultations de psychologue ou encore la stratégie nationale de lutte contre l'endométriose.

Claire Blehaut

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Sources

https://www.francetvinfo.fr/politique/gouvernement-d-elisabeth-borne/bri...

https://www.linternaute.com/actualite/politique/2631699-brigitte-bourgui...

https://www.lequotidiendumedecin.fr/liberal/la-nouvelle-ministre-de-la-s...

https://www.liberation.fr/societe/sante/gouvernement-borne-brigitte-bour...

Photo : DCStudio via Freepik