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Le secteur paramédical peine toujours à recruter

Postée le 07/01/2020

97% des établissements publics de santé ont des difficultés à recruter des infirmiers ou aides-soignants, selon une enquête mise en ligne sur le site de la Fédération Hospitalière de France le 14 octobre. Pour comprendre la situation, la FHF a sondé 350 établissements (17 CHU, 242 CH et 74 Ehpad, représentant plus de 470 000 agents publics hospitaliers), et en a tiré des conclusions.

Les secteurs les plus touchés

Ces difficultés de recrutement impactent particulièrement les Ehpad car c’est le secteur du grand âge qui montre le plus grand manque d’attractivité et les vacances de postes les plus importantes, y compris en centre hospitalier. Impossible apparemment d’attirer les jeunes professionnels. Ce secteur est pourtant en développement, majoritairement à cause du vieillissement de la population, et a tendance à se recomposer et se moderniser (regroupement d’Ehpad…). Cependant l’image de certains secteurs d’activité ou modes d’exercices sont perçus négativement dès la formation. L’enquête souligne également que la situation dans des secteurs tels que celui des personnes âgées, ou de la psychiatrie, est encore plus préoccupante si on considère qu’il s’agit de cohortes de recrutement très importantes.

A titre de comparaison, seuls 2 à 3% des postes d’aides-soignants demeurent vacants en moyenne à l’hôpital contre 13% des postes en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Pour les infirmiers, on compte 3% de postes vacants en centre hospitalier, contre 8% en Ehpad.

Le secteur rural peine également à trouver des candidats. Tout comme le recrutement de médecins, la disparité entre les régions et les “déserts médicaux” sont aussi présents dans le cadre du recrutement paramédical.  D’après la FHF, au moins deux raisons sont à l’origine du problème : on trouve tout simplement moins d’établissements accessibles pour y travailler, et moins d’implantations des établissements de formation.

 

Comment cela se traduit-il ? 

Quand on sait que les métiers du paramédical ou médico-technique représentent environ 70% des professionnels de la fonction publique hospitalière, il est évident que ces difficultés de recrutement ont de lourdes conséquences. Les établissements de santé qui ont répondu à l’étude sont catégoriques : pour eux la priorité va aux métiers d’infirmier et d’aide-soignant, avant même ceux de la rééducation et les filières infirmières spécialisées, pourtant elles aussi confrontées à des difficultés de recrutement depuis plusieurs années.

Par exemple, les spécialités infirmières du bloc opératoire (IADE et IBODE) sont des professions en tension, avec un contexte réglementaire de plus en plus difficile, sur la question de quels professionnels sont autorisés à exercer au bloc.

En pratique, les établissements font face à des postes vacants, des équipes surmenées, et une sollicitation accrue de l’encadrement. Les inquiétudes face vis-à-vis de la dégradation des conditions de travail augmentent également, ainsi que les tensions sociales. De plus 70% des établissements de l’étude ont vu une hausse des départs de professionnels, notamment pour un exercice libéral. Les trois raisons essentielles de ces départs sont : la flexibilité organisationnelle, la demande croissante de professionnels intervenants à domicile, et le niveau de rémunération plus élevé (3 ans après l’obtention de leur diplôme, les infirmiers libéraux ont un revenu plus élevé de 28%).

Ce qui nuit le plus à l’attractivité paramédicale, selon les deux tiers des répondants et les responsables hospitaliers en ressources humaines, est l’image négative des conditions de travail. De plus l’intensification du travail dans les métiers du soin, et les questions de rémunérations, donnent aux candidats la nette impression de ne pas être récompensés à la hauteur de leurs compétences et de leur engagement.

Est également mise en avant l’évolution du rapport au travail. Tout comme d’autres secteurs hors médical, la jeune génération des professionnels de santé porte une plus grande attention à l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, et refuse à présent de trop grandes contraintes horaires et statutaires.

 

Claire Blehaut

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Source : https://www.infirmiers.com/emploi/emploi/recrutement-paramedicaux-raison...