Back to top

La course au vaccin contre la COVID-19 

Postée le 14/09/2020

Après des annonces spectaculaires, différents vaccins sont à l’essai à travers le monde pour lutter contre la pandémie mondiale COVID-19. Nouvelle ruée vers l’or pharmaceutique, la question du vaccin soulève des questions complexes d’accès aux soins pour tous, de politique internationale et d’intérêts économiques.

200 projets à travers le monde 

Pour l’instant, malgré des annonces spectaculaires, aucun vaccin n’est au point. On compte environ 200 projets de recherche à travers le monde mais seulement 27 en sont au stade clinique, testés sur les humains. Parmi les plus avancés, le projet d’une équipe de l'université d'Oxford utilise un virus de chimpanzé, incapable de se multiplier dans le corps humain, afin de produire une protéine typique du Covid pour que l’organisme apprenne à se défendre.

En Chine, une méthode plus classique de vaccin s’attaque au véritable coronavirus responsable de la pandémie, en le désactivant avec un traitement chimique, afin que le système immunitaire puisse lutter contre lui. Ce type de vaccin est en général efficace, mais nécessite une fabrication plus complexe, le respect de la chaîne du froid, et comporte des risques de réactivation du virus. 

Le géant Sanofi, a pris le parti de la protéine virale : en isolant et en injectant seulement les protéines qui permettent au virus de pénétrer dans nos cellules, il est possible d’entrainer également le système immunitaire à se défendre. Utilisé contre l’hépatite B, ce type de vaccin ne présente qu’un très faible risque pour la santé, et est plus facile à produire bien qu’il soit parfois moins efficace.

Enfin, le projet Moderna est un exemple inédit d’innovation technique : en introduisant un code génétique chez le patient, on induit la production de vaccin directement par l’organisme. Si techniquement cette solution est la plus rapide à produire, elle n’a cependant jamais été expérimentée avant, et demande du recul.

 

Les impacts sanitaires

Autre exemple de cette course effrénée au vaccin, la situation en Russie inspire la méfiance à bien des experts. Sans même avoir terminé la phase des essais, et sans recul sur les effets, il est envisagé de donner le vaccin, nommé Spoutnik V, aux médecins. En comparaison avec les dizaines d’années normalement nécessaires pour obtenir un traitement efficace cette démarche peut créer un sentiment de malaise et pousser à la critique. Pour François Balloux de l'University College de Londres « c'est une décision irresponsable et imprudente. Une vaccination de masse avec un vaccin mal testé n'est pas éthique. » Il insiste que tout problème lors de la campagne de vaccination serait « désastreux » tant par ses effets sur la santé des personnes vaccinés que pour l'adhésion à la vaccination dans le grand public.

Selon Daniel Floret, vice-président de la Commission technique des vaccinations, rattachée à la Haute autorité de santé (HAS) française, il vaut mieux prévoir « au mieux sur le premier trimestre 2021 », ce qui « sera déjà un sacré prodige ». L'EMA estime également « que cela pourrait prendre au moins jusqu'au début 2021 pour qu'un vaccin contre la Covid-19 soit prêt à être approuvé et disponible en quantité suffisante » pour un usage mondial. 

 

Les impacts économiques

Alors que le vaccin Moderna se veut commercialisable avant la fin de l’année, les esprits s’échauffe déjà sur la commercialisation. En effet certains laboratoires ont déjà commencé à produire des doses, afin d'entamer sa commercialisation immédiate dès la validation des tests : un pari risqué si jamais le vaccin ne remplit pas les conditions nécessaires. Ce paris, les gouvernements tentent de le relever en soutenant les laboratoires : l’Europe a  déjà signé un accord avec Astra Zeneca, le laboratoire anglais, pour leur acheter 300 millions de doses. En France, c'est l’Agence nationale de sécurité du médicament qui donnera son feu vert, avec beaucoup de précautions.

Afin d’essayer de garantir un accès au vaccin pour tous, l’Organisation Mondiale de la Santé a mis en place le projet COVAX avec 172 pays participants et plusieurs vaccins candidats. Avec la coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), et l’Alliance Gavi, l’OMS travaille en partenariat avec des fabricants de vaccins de pays développés et de pays en développement. 

C’est actuellement la seule initiative mondiale pour mettre les vaccins contre la COVID-19 à la disposition du monde entier, à la fois des pays à haut revenu et des pays à bas revenu. Avec le système de garantie de marché (AMC) du COVAX, un instrument de financement devant permettre à 92 pays à revenu faible ou intermédiaire de participer à ce projet, l’OMS espère faire baisser les prix de manière mondiale, et ainsi protéger les populations les plus vulnérables.

Enfin si les gouvernements et les organisations mondiales tentent de maîtriser la situation, cela n’est pas le cas de la Bourse. De manière prévisible, les sociétés de biotechnologies explosent sur les marchés financiers : bien des investisseurs souhaitent miser gros sur de jeunes entreprises susceptibles de trouver un remède au virus et faire partie de cette ruée  vers l’or. A titre de comparaison, si durant l’année 2018 les biotech américaines avaient levé 6,5 milliards de dollars, elles viennent d’en récolter plus de 9 milliards ces derniers mois, selon les données de Dealogic. Au finale, cette course au médicament ou vaccin miracle risque de décevoir plus d’un investisseur, et bien des patients...

 

Claire Bléhaut

----------------------------

Sources : 

https://www.who.int/fr/news-room/detail/24-08-2020-172-countries-and-mul...

https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/vaccin-contre-le-coronavirus-les-cherc...

https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/vaccin-covid-19-vaccins...

https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-coronavirus...

https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/vaccin-covid-19-il-faud...

https://www.boursorama.com/bourse/actualites/vaccin-contre-le-covid-19-l...

Photo par CDC sur Unsplash