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La campagne présidentielle et l’hôpital

Postée le 01/03/2022

Revalorisations des salaires, plans d’investissements, précisions sur les lits, les services d’urgence, les formations, moins d’administratif à droite, plus de recrutements à gauche… Les promesses et les ambitions se multiplient autour de l’hôpital public. Voici un petit tour d’horizon de ce que prévoient les candidats à la présidentielle qui se sont exprimés sur le sujet. 

Focus sur l’hôpital public

Si tous les candidats sont d’avis qu’il faut revaloriser les salaires de l’hôpital public et recruter, ils divergent sur les moyens à mettre  en oeuvre. 

À droite, Valérie Pécresse (Les Républicains) souhaite recruter 25 000 soignants supplémentaires en cinq ans et augmenter le salaire des infirmières et des sages-femmes en leur confiant davantage de responsabilités. Elle souhaite également simplifier les procédures en allégeant la charge administrative.

À la même échelle que les 19 milliards d’euros pour le Ségur de la santé, Marine Le Pen (Rassemblement national) promet un plan d’urgence pour la santé de 20 milliards. 2 milliards d’euros seraient consacrés à la revalorisation des salaires du personnel soignant. Elle promet également que le salaire des infirmiers sera augmenté de 10 % pour atteindre la moyenne européenne, et elle souhaite établir un plafond de 10 % de postes administratifs dans les hôpitaux. Elle promet également 10 000 places supplémentaires dans les Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) et les centres de formation d’aides-soignants. 

 

Elle souhaite arrêter les fermetures de lits, tandis qu’à gauche, Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts), veut en augmenter le nombre ainsi que le nombre de soignants par patient. Il a également des ambitions plus fortes sur la création de postes d’infirmiers : 100 000 postes au cours de son quinquennat. Concernant les salaires des personnels soignants, il propose également une augmentation de 10 %.

Fabien Roussel (Parti communiste) propose quant à lui la création de 100 000 postes, non pas pour les infirmiers, mais dans tous les métiers de l’hôpital public, ainsi que la titularisation de tous les contractuels. Pour lui, il faut mettre l’accent sur la reconstruction des hôpitaux de proximité avec des services d’urgence et des maternités.

En termes de formation de nouveaux personnels soignants, Anne Hidalgo (Parti socialiste) n’est pas en reste : elle promet la formation de 1 250 sages-femmes par an, de 25 000 infirmiers et aides-soignants et de 5 000 logisticiens, techniciens et agents hospitaliers. De plus, la candidate propose de mettre fin à l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam) et de le remplacer par des Objectifs nationaux de santé publique (ONSP) débattus chaque année au Parlement. 

Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) suit la tendance à gauche et souhaite reconstruire le service public hospitalier en revenant sur les suppressions de lits et de personnels et en mettant l’accent sur le recrutement de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants et de personnels administratifs.

 

Et le financement de l’hôpital ? Valérie Pécresse souhaite le refonder en prenant en compte la qualité des soins, mais sans supprimer la tarification à l'activité (T2A). À l’opposé, d’autres candidats, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel et Marine Le Pen, souhaitent mettre fin à la T2A. Pour eux, cette tarification crée un "hôpital-entreprise" cherchant à réduire les coûts au maximum au détriment de la qualité des soins. Leur proposition alternative se base sur les besoins réels de la population pour dicter le financement.

Que faire pour les déserts médicaux ?

Sujet majeur qui n’en finit pas de faire l’actualité, les déserts médicaux sont un problème complexe.  Pour pousser des médecins à s’installer dans ces zones Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour (Reconquête !) proposent des médecins généralistes fonctionnaires. Si le candidat de la France insoumise souhaite les attirer vers cette voie en les rémunérant pendant leurs études, son adversaire souhaite que l’État embauche en urgence 1 000 médecins pour les envoyer dans les déserts médicaux, mais sans préciser par quels moyens les convaincre. De leur côté, la candidate LR et celle du Rassemblement National comptent plutôt sur des incitations financières pour attirer les médecins dans les zones sous tension.

Certains candidats proposent également d’élargir le numerus clausus (Valérie Pécresse, Éric Zemmour et Anne Hidalgo) voire de le supprimer (Fabien Roussel et Yannick Jadot). 

Sur le sujet des études de médecine, Anne Hidalgo propose de remplacer la quatrième année d’internat par une année de professionnalisation comme médecin-assistant dans les déserts médicaux. Elle compte sur 4 000 à 8 000 médecins chaque année dans ces territoires. Yannick Jadot est plus ambitieux et prévoit que la dernière année d’internat et les deux premières années d’exercice soient effectuées dans les zones en manque de médecins. Il partage également une proposition avec Fabien Roussel : “Dans les zones denses, un médecin ne doit s'installer que pour remplacer un départ”.

Les étudiants sont également dans le viseur de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) qui souhaite “créer une bourse pour les étudiants en médecine en échange de laquelle ils s'engageront à s'installer dans une zone sous-dotée pendant leurs 5 premières années”. Pour lui, l’argument de la rémunération est central et il compte “permettre aux médecins s'établissant dans les déserts médicaux de toucher plus de revenus en complétant les dispositifs existants​​” et “favoriser l'implantation des maisons de santé”.

 

Claire Blehaut

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Sources 

https://www.france24.com/fr/france/20220216-pr%C3%A9sidentielle-que-proposent-les-candidats-en-mati%C3%A8re-de-sant%C3%A9 

https://www.francetvinfo.fr/sante/hopital/presidentielle-2022-salaires-deserts-medicaux-fermeture-de-lits-quels-sont-les-remedes-des-candidats-pour-le-secteur-de-la-sante_4905365.html 

Photo par Element5 Digital sur Unsplash