Back to top

L’évolution de la médecine en France

Postée le 26/01/2021

 

Alors que la pandémie de Covid-19 continue d’être une menace en France, et met en évidence les carences du système de santé, on peut se demander de quoi sera faite la médecine du futur. Petit tour d’horizon des tendances qui influencent la médecine de demain.

Évolution des maladies et de la population

Bien sûr on pense aux épidémies mondiales, liées au développement de nouveaux agents microbiens, à l’utilisation de pesticides et de perturbateurs endocriniens, ou à l’activité humaine, par exemple, avec des virus transmis à l’homme et provenant des élevages d’animaux. Pour Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg, et qui, jusqu’en février 2020, présidait la Conférence des doyens des facultés de médecine, “nous devons nous préparer or, aujourd’hui, notre système de soins n’est pas structuré pour faire face à cela : nous traitons plus que nous prévenons, nous fonctionnons encore beaucoup pathologie par pathologie… Et l’expérience de la Covid-19 a montré que nous n’étions pas prêts à affronter une pandémie d’une telle ampleur”.

Pour lui il est essentiel de renforcer “la prévention et la personnalisation prédictive du risque plus que de la maladie”, car “nous ne pourrons pas continuer à nous contenter de soigner, ou nous serons vite débordés”. 

Isabelle Delattre, responsable éditoriale Innovation & Santé au Leem (l’organisation professionnelle des entreprises du médicament) a co-dirigé l’étude Santé 2030 – Une analyse prospective de l’innovation en santé menée par le Leem et le think tank Futuribles. Dans un article pour Sanofi, elle évoque “les maladies de civilisation : 40 % de la population sera allergique en 2030, la prévalence du diabète a doublé ces vingt dernières années, 40 % des cancers sont considérés comme évitables, les troubles mentaux apparaissent de plus en plus précocement.” Pour elle il faut utiliser les innovations pour comprendre les facteurs de risque et mécanismes des pathologies, afin d’aller vers une médecine prédictive. Bien sûr cela ne se fait pas sans poster une grande attention à nos modes de vie et à la qualité de notre environnement.

Elle appelle également à “une collaboration plus étroite entre acteurs médicaux de la recherche médicale, de l'hôpital et de la médecine de ville,” afin de favoriser le maintien des personnes les plus âgées à domicile. En effet “en 2030 les plus de 65 ans représenteront un quart de la population française et souffriront en moyenne de 4 à 6 pathologies.”

Cette vision est aussi celle des 4P ou 6P : une médecine Prédictive, Préventive, Personnalisée et Participative, mais aussi Pluriprofessionnelle et Pertinente.

 

Avancées technologiques et changements d’habitudes

Cela n’est plus une nouveauté : les nouvelles technologies gagnent l’hôpital comme les cabinets des médecins libéraux. Télémédecine, robotique, objets connectés, outils d’aide au diagnostique ou pour la recherche… Dès 2018, l’Ordre des médecins expliquait dans un livre blanc : “les algorithmes et l’intelligence artificielle seront nos alliés, comme un apport essentiel pour l’aide à la décision et à la stratégie thérapeutique”.

Dans le domaine de la recherche aussi bien que dans la pratique clinique, de nouvelles solutions proposent depuis plusieurs années des informations et de l’aide à la décision en quelques clics, et leur évolution est constante. Exemple bien connu : Elsevier, éditeur scientifique et entreprise d’analyse de données, dispose d’un catalogue de solutions et d’applications pour tous les professionnels du système de santé. Par exemple, STATdx, est une plateforme d’aide aux diagnostics pour les radiologues, et ClinicalKey un moteur de recherche clinique pour les praticiens et les étudiants, donnant accès aux dernières recherches dans de multiples formats. Il existe aussi des bases documentaires digitales comme EM Premium pour les établissements de santé et EM Consulte pour les praticiens libéraux.

Du côté des patients, les habitudes et le rapport au soin changent également. Dans un article pour les Echos, Doctolib, start-up française et plateforme de prise de rendez-vous médicaux en ligne, dévoile comment les professionnels de santé se constituent une clientèle en un clin d’oeil. Une jeune médecin généraliste, installée à Paris depuis trois ans le confirme : « Dès la première journée, j'avais des rendez-vous. En une semaine, je me suis constituée une patientèle et depuis, je n'ai plus eu un créneau de libre alors qu'il faut normalement trois mois pour avoir une patientèle complète ».

Certains s’en inquiètent : la concurrence devient plus rude et la dépense d’argent devient nécessaire, au risque d’être invisible sur les pages de recherches. De plus, certains constatent un développement du clientélisme, et de la consultation sans suivi ou dans l’urgence. Pour le Dr Pascal Paloc, secrétaire général de la Fédération des Syndicats Dentaires Libéraux (FSDL), et chirurgien-dentiste, les patients “cherchent le rendez-vous le plus rapide. S'ils ne l'ont pas, ils vont ailleurs alors qu'en chirurgie dentaire, le suivi d'une douleur est primordial.” 

 

Claire Bléhaut

----------------------------

Sources : 

“Médecins et patients dans le monde des data, des algorithmes et de l’intelligence artificielle” Livre blanc du Cnom, janvier 2018. https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/external-pac...

https://www.profilmedecin.fr/contenu/medecins-de-demain-quels-enjeux/

https://start.lesechos.fr/innovations-startups/tech-futur/comment-doctol...

https://www.sanofi.fr/fr/labsante/Etude-sante-2030-quelles-innovations-i...

https://www.elsevier.com/fr-fr/clinical-solutions 

Photo par pressfoto - www.freepik.com