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Fort impact de la pandémie sur les greffes d’organes dans le monde

Postée le 03/11/2021

Selon une récente étude publiée dans Lancet Public Health [1], portant sur vingt-deux pays dont la plupart européens, représentant quelque 70 % de l’activité de greffe mondiale, le nombre de transplantations d’organes solides réalisées lors de la première vague de la pandémie en 2020 a chuté de 31 % par rapport à l’année précédente, et de plus de 15 % sur l’ensemble de l’année 2020. Conduit par le Pr Alexandre Loupy et le Dr Olivier Aubert (université de Paris, hôpital Necker-Enfants malades AP-HP), également chercheurs au centre Inserm Paris Transplant Group, ce travail permet d’évaluer avec précision comment la Covid-19 a impacté tout ce pan de la médecine.

Au début de la crise sanitaire, les responsables des programmes de transplantation d’organes avaient fait part de leurs préoccupations concernant la poursuite de l’activité de greffe d’organes solides durant l’épidémie, du fait du poids considérable de la prise en charge des patients Covid-19 pour le système de santé et des risques accrus d’infection pour les patients transplantés, donc immunodéprimés. Les recommandations ont alors été de maintenir, dans la plupart des pays, uniquement les transplantations urgentes, notamment les greffes de cœur et de foie, quand l’organisation hospitalière le permettait.

L’étude a ainsi révélé une diminution globale de l’activité de greffe, mais aussi d’importantes variations dans la réponse des programmes de transplantation lors de la pandémie, l’activité ayant chuté de plus de 90 % dans certains pays. Parallèlement, l’étude avait mis en évidence que certaines nations ont réussi à maintenir le rythme des procédures de transplantation, tandis que d’autres ont connu de fortes réductions par rapport à l’année précédente. Dans certaines régions, les transplantations de reins et de foies de donneurs vivants ont complétement cessé. Ces résultats incitent à une analyse plus approfondie pour expliquer ces disparités. Par exemple, la transplantation rénale a connu la plus forte réduction dans presque tous les pays en 2020 par rapport à 2019, et plus précisément celles de donneurs vivants (reins - 40 % ; foie - 33 %). Concernant les greffes à partir de donneurs décédés, il est observé une réduction pour le rein (- 12 %), le foie (- 9 %), le poumon (- 17 %) et le cœur (- 5 %). Selon le Dr Olivier Aubert, « la première vague de Covid-19 a eu un impact dévastateur sur le nombre de transplantations dans de nombreux pays, affectant les listes d’attente des patients et entraînant malheureusement une perte substantielle de vies humaines » [2].

Le nombre d’années de vie perdues pour l’ensemble des patients a été estimé à 37 664 ans pour ceux en attente d’un rein, 7 370 ans pour un foie, 1 799 ans pour un poumon et 1 406 ans pour un cœur, ce qui correspond à un total de 48 239 années de vie perdues.

Pour faciliter la compréhension des tendances temporelles et des conséquences de la pandémie sur les activités de transplantation d’organes solides à l’échelle mondiale, nationale et régionale pour les chercheurs, les cliniciens et les autorités de santé publique, les auteurs ont créé un tableau de bord qui présente les données de manière interactive en libre accès sur http://www.covidtransplants.org/.

 

Catherine Boisaubert

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[1] Aubert O, Yoo D, Zielinski D, et al. COVID-19 pandemic and worldwide organ transplantation: a population-based study. The Lancet Public Health 2021;6(10):E709-19.www.thelancet.com/public-health.https://doi.org/10.1016/S2468-2667(21)00200-0.

[2] Communiqué de presse Inserm. Une chute considérable du nombre de greffes d’organes depuis le début de la pandémie de Covid-19 dans le monde. 31 août 2021. https://presse.inserm.fr/une-chute-considerable-du-nombre-de-greffes-dor...