Des liens significatifs entre sommeil et consommation de substances psychoactives

Indispensable à l’équilibre métabolique et psychologique, le sommeil n’en est pas moins sensible et vulnérable. Les substances psychoactives ont potentiellement une influence sur sa qualité, les caractéristiques du sommeil pouvant également influencer leur consommation. Une équipe de Santé publique France a voulu, en association avec des chercheurs de l’équipe Vigilance fatigue sommeil et santé publique (Vifasom) de l’université Paris Descartes, décrire les associations entre sommeil et pratiques addictives dans la population française.

Un module du Baromètre de Santé publique France 2017 portant sur le sommeil a été soumis à 12 637 participants, sous-échantillon représentatif des 18-75 ans résidant en France métropolitaine [1]. Trois indicateurs du sommeil ont été analysés : un sommeil de courte durée (moins de six heures par 24 heures), l’insomnie chronique (évaluée selon la classification internationale ICSD-3) et le chronotype “du soir”. Les substances psychoactives incluses dans l’analyse étaient le tabac (consommation actuelle et passée), l’alcool (consommation quotidienne et alcoolisations ponctuelles importantes régulières), le cannabis (consommation évaluée selon le Cannabis Abuse Screening Test) et les autres drogues (consommation dans l’année).

Les auteurs ont constaté que les fumeurs quotidiens, peu ou fortement dépendants, étaient plus fréquemment courts dormeurs que les personnes fumant occasionnellement et les non-fumeurs. Les fumeurs quotidiens fortement dépendants étaient également nettement plus sujets à l’insomnie chronique que les autres fumeurs et les non-fumeurs.

Le sommeil court et l’insomnie chronique n’était, en revanche, pas significativement associés aux consommations d’alcool, de cannabis ou d’autres drogues illicites. Le chronotype “du soir” était pour sa part nettement lié aux consommations de tabac, d’alcool et de cannabis.

L’étude met bien en évidence des liens significatifs entre la consommation de substances psycho actives et les caractéristiques du sommeil parmi les adultes. Raphaël Andler et ses co-auteurs soulignent ainsi l’importance de la prise en compte de chacune de ces thématiques dans l’appréhension de l’autre dans le cadre d’une prise en charge.

Catherine Boisaubert

[1] Andler R, Metlaine A, Richard JB et al. Sommeil et consommation de substances psychoactives: résultats du Baromètre de Santé publique France 2017. Bull Epidemiol Hebd. 2019;8-9:161-8.

http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2019/8-9/2019_8-9_2.html

Source : https://www.em-consulte.com/revue/SPSY/presentation/soins-psychiatrie