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De nouvelles données sur le rôle “protecteur” des médicaments psychotropes contre le Covid-19

Postée le 15/09/2020

Les services de psychiatrie, où des unités Covid ont été ouvertes pour prendre en charge les personnes atteintes de pathologies mentales présentant des symptômes de la maladie, sont paradoxalement restées relativement vides, comparé à celles des autres hôpitaux. Dans une étude publiée en juin dans la revue Drug Discovery Today, des équipes françaises de chercheurs et cliniciens issus de l’Inserm, l’AP-HP, des université de Lille, Paris, Paris-Est Créteil et de la fondation FondaMental ont émis l’hypothèse, face à ce constat, que certains médicaments largement prescrits en psychiatrie pouvaient avoir un rôle “protecteur” contre le Covid-19.

Pour ce faire, les équipes ont établi la liste des médicaments les plus prescrits à ces patients et recensé ceux qui avaient une activité antivirale. Ils ont également recherché les mécanismes qui pouvaient expliquer cette activité antivirale comme une action sur la pénétration du virus dans la cellule et/ou une modulation du trafic intracellulaire, et/ou une interaction avec des récepteurs spécifiques importants pour le développement et la multiplication du virus...

Puis, ils ont réalisé in silico une analyse chimio-informatique sur les similitudes de leur structure chimique et comparé ces psychotropes à des médicaments ayant une activité antivirale, identifiés dans plusieurs bases de données.

Cette analyse a abouti à la sélection de plusieurs médicaments largement prescrits, avec une attention particulière pour les molécules connues pour avoir des effets secondaires négligeables. Ces principes actifs pourraient, seuls ou en association, être repositionnés dans la prévention de l’infection à Sars-CoV-2.« Les études in silico ont permis de mettre en évidence des mécanismes d’action communs à ces psychotropes, qui contribueraient à empêcher la pénétration du virus dans la cellule, explique le Dr Bruno Villoutreix, directeur de recherche à l’Inserm. Nous disposerions ainsi de médicaments déjà connus, utilisables à large échelle et pouvant potentiellement permettre une prévention de la maladie dans la population générale » [2].

Cette observation est d’autant plus importante qu’à ce jour il n’existe aucun traitement préventif. Le Pr Philippe Beaune, toxicologue à l’Inserm, précise que «des travaux sont actuellement réalisés in vitropour pouvoir sélectionner les meilleures molécules en vue de la réalisation d’études cliniques de pré-vention contre l’infection chez l’Homme. »

Pour le Pr Marion Leboyer, directrice de la Fondation FondaMental, « ces résultats, réalisés à partir d’une observation inattendue, constituent une avancée inédite ». Si ces données sont confirmées, elles pourraient permettre de repositionner des médicaments déjà développés dans le domaine clé de la prévention de l’infection par le Covid-19.

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Catherine Boisaubert

[1] Villoutreix B, Beaune P, Ryad Tamouza, et al. Prevention of Covid-19 by drug repurposing: rationale from drugs prescribed for mental disorders. Drug Discovery Today, 2020 June.

[2] Communiqué de presse de la Fondation Fondamental, 26 juin 2020.