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Chirurgie assistée par robot : une première européenne en ORL

Postée le 21/09/2018

Chirurgie assistée par robot : une première européenne en ORL

Chaque année, en France, les cancers de la sphère oto- rhino laryngologique (ORL) touchent 15 000 nouvelles personnes et provoquent 6 000 décès.

Il s’agit du cinquième cancer en termes de fréquence. La chirurgie est l’un de leurs principaux traitements. Efficace, elle reste particulièrement complexe et peut entraîner des bouleversements physiques et psychologiques impactant la qualité de vie des patients.

C’est en couplant deux techniques de pointe mini-invasives, robot chirurgical Da Vinci®Xi et endoscopie, que les chirurgiens de l’Institut Gustave Roussy (Villejuif, 94) ont pu enlever une tumeur située dans le rhino pharynx d’un homme de 28 ans. « Prendre en étau la tumeur », en intervenant par la bouche avec le robot et par le nez avec l’endoscopie, a permis l’ablation de cette tumeur difficilement accessible et d’éviter une opération beaucoup plus traumatisante.

Situé profondément sous la base du crâne et à proximité des artères carotides, le rhinopharynx est une zone « chirurgicalement sensible » qui exige une ultra-précision malgré un accès difficile. Lorsqu’une tumeur s’y développe près du voile du palais, son exérèse avec des instruments d’endoscopie classique par la voie nasale trouve ses limites. « En introduisant par la bouche les instruments du robot qui possède des angles d’attaque différents, nous avons pu retirer cette tumeur sans que le patient n’ait de séquelles fonctionnelles importantes. Le robot permet également de mieux voir dans la zone opératoire avec la caméra 3D. C’est typiquement le genre de tumeur qui, auparavant, ne pouvait pas être opérée du fait de sa localisation, ou pouvait l’être mais au prix de lourdes séquelles esthétiques et fonctionnelles pour les patients », explique Antoine Moya-Plana, chirurgien ORL à Gustave-Roussy.

En effet, les patients qui ne pouvaient pas bénéficier de la chirurgie étaient uniquement traités par radiothérapie. Dans d’autres cas, les chirurgiens recouraient à la voie dite “transfaciale” qui consiste à ouvrir le visage en deux pour enlever la peau et les os afin d’accéder au rhinopharynx situé derrière le nez. Une opération lourde aux résultats peu probants.

Une technique moins invasive qui consiste à couper le palais en deux s’est ensuite développée, mais les suites opératoires sont compliquées et comportent d’importantes séquelles pour parler, manger et boire.

De plus, la cicatrisation de la bouche, processus long et complexe, décale dans le temps la radiothérapie postopératoire. En attaquant la tumeur, par le nez et la bouche, en passant à travers les cordes vocales sans ouvrir le palais grâce au robot chirurgical, la radiothérapie a pu être initiée rapidement après l’opération chez ce patient.

Cette technique innovante fait l’objet d’un essai clinique, nommé TORS, coordonné par Philippe Gorphe, ORL et chirurgien cervico-facial. Cette étude prospective vise à évaluer la faisabilité d'une intervention robot-assistée par voie transorale pour éviter les mutilations importantes en chirurgie

ORL [1].

Rappelons que Gustave-Roussy est Centre de référence national pour les tumeurs rares ORL / tête et cou et centre d’expertise international dans la chirurgie des tumeurs du rhinopharynx et de la base du crâne.

Catherine Boisaubert

[1] www.gustaveroussy.fr/fr/igr-2235

 

Source : http://www.em-consulte.com/revue/BLOC/presentation/inter-bloc