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37 mesures pour changer le regard sur la santé mentale et la psychiatrie

Postée le 22/11/2018

37 mesures pour changer le regard sur la santé mentale et la psychiatrie

La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a présenté sa feuille de route pour la santé mentale et la psychiatrie, lors du 1er Comité stratégique de la santé mentale et de la psychiatrie (CSSMP), qui s’est tenu le 28 juin. Ce plan a pour finalité de « changer le regard sur ces maladies, sur les troubles psychiques et sur les personnes qui, selon l’Organisation mondiale de la santé, sont une sur quatre à être touchées au cours de leur vie, en Europe » [1]. Il se décline en 37 mesures autour de trois axes d’intervention pour « porter une vision positive de la santé mentale» et « promouvoir une psychiatrie qui ne soit plus le parent pauvre de la médecine ».

Promouvoir le bien-être mental, prévenir et repérer précocement la souffrance et les troubles psychiques et prévenir le suicide. Comme 80 % des troubles se déclarent entre l’âge de 15 et 20 ans, une attention particulière sera portée sur le bien-être mental des jeunes pour

préserver leur santé et augmenter leurs chances de rétablissement en cas de troubles. Le lancement de l’expérimentation Ecout’Emoi dans trois régions permettra d’adresser des jeunes de 11 à 25 ans vers des consultations de psychologues prises en charge par l’Assurance maladie, après une évaluation par les médecins généralistes.

Le développement des compétences psychosociales (gestion des émotions, du stress, des conflits...) sera encouragé dès le plus jeune âge, en lien avec l’Éducation nationale, et les étudiants seront formés aux “premiers secours” en santé mentale.

Parallèlement, un plan d’ensemble contre le risque suicidaire sera déployé sur le territoire, sous le pilotage des agences régionales de santé (ARS), notamment le dispositif VigilanS de recontact systématique des personnes ayant fait une tentative de suicide. Des actions de prévention de la souffrance au travail seront mises en place, notamment pour les professionnels de santé et médicosociaux.

Enfin, des actions de sensibilisation ou de formations des médecins, médias, usagers des services de santé mentale et de la population en général sont envisagées pour déstigmatiser ces maladies et les personnes touchées.

 

Garantir des parcours de soins coordonnés et soutenus par une offre en psychiatrie accessible, diversifiée et de qualité. Plusieurs mesures pour revaloriser la psychiatrie sont prévues, notamment : l’ouverture d’un stage en santé mentale pendant le second cycle des études de médecine et durant le troisième cycle des études de médecine générale ; l’augmentation du nombre de professionnels formés (notamment PU-PH et chefs de cliniques en pédopsychiatrie) ; la meilleure complémentarité des interventions d’infirmier, de psychomotricien et d’orthophoniste ; le développement de la recherche en psychiatrie (appel à projet sur la pédopsychiatrie en 2018) ; une meilleure allocation des ressources et une réflexion sur l’évolution du financement de la psychiatrie.

Il s’agit aussi de structurer le parcours de santé mentale pour favoriser le repérage des troubles et l’accès aux soins le plus tôt possible. À cette fin, la ministre a précisé les conditions de mise en œuvre des projets territoriaux de santé mentale (PTSM). Ils ont pour objectif de permettre à tous les acteurs concernés de « se rassembler dans des réseaux territoriaux de partenariats, pour structurer une offre de proximité, sanitaire et sociale, assurant une continuité du suivi tout au long du parcours» [2]. Le recours à la télémédecine sera encouragé pour les populations fragiles et dans les zones sous-représentées.

 

Améliorer les conditions de vie et d’inclusion sociale et la citoyenneté des personnes en situation de handicap psychique.

Les personnes concernées doivent pouvoir « vivre au milieu de tous, accéder et participer aux mêmes activités que tous, être et rester utiles aux autres, dans le respect et la richesse de leur différence ». Elles bénéficieront de l’appui du dispositif d’“emploi accompagné” qui va se déployer sur l’ensemble des territoires et qui, grâce à un accompagnement médicosocial et à un soutien à l’insertion professionnelle, doit permettre d’obtenir et de garder un emploi rémunéré sur le marché du travail. L’accès et le maintien des personnes dans un logement autonome ou accompagné est une autre condition essentielle de leur autonomie. À cet effet, elles bénéficieront de l’extension du dispositif “Un chez-soi d’abord” et de l’accès au dispositif d’habitat inclusif prévu dans le projet de loi Elan (évolution du logement, de l'aménagement et du numérique). Enfin, un appui renforcé sera apporté aux groupes de pairs, qui permettent de mieux recueillir leur parole, de partager et valoriser leur expérience.

Le CSSMP, qui regroupe 29 membres représentatifs de diverses sensibilités et légitimités, sera appelé à suivre les mesures engagées. La ministre a annoncé qu’elle le réunira une fois par an.

Catherine Boisaubert

[1] Comité stratégique de la santé mentale et de la psychiatrie (CSSMP). Feuille de route Santé mentale et psychiatrie. Juin 2018. http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/180628_-_dossier_de_presse_-_co...

[2] Ministère des Solidarités et de la Santé. Projet territorial de santé mentale. Les soins, accompagnements et services attendus sur les territoires de santé mentale. Juin 2018. http://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/parco...

 

SOiNS PSYCHIATRIE - n° 318 - septembre/octobre 2018

 

 Source : http://www.em-consulte.com/article/1245893/article/actualites-profession...